Saint-Georges-de-Didonne - N°103 - Novembre/Décembre 2009
Dossier spécial - Françoise Brouard élue maire
Fin octobre,
Jean-Michel Renu a décidé de jeter l'éponge et
de démissionner de ses fonctions de maire qu'il occupait
depuis 2002. Françoise Brouard, conseillère
municipale et ancienne adjointe aux finances sous le mandat de
Dominique Bussereau, lui succédera.
Pas un seul mot. L’ancien maire, Jean-Michel Renu, blême, n’a pas dit un seul mot, dimanche 8 novembre, alors que le conseil municipal était réuni pour élire son successeur, à la suite de sa démission. Dominique Bussereau, conseiller municipal, a assuré le service, présentant la candidature de Françoise Brouard, renvoyant dans les cordes, d’un ton ferme, Jean-Marc Bouffard, conseiller municipal de l’opposition désireux de prendre la parole, et assurant enfin l’ancien maire de son soutien et le félicitant pour le travail accompli.
Devant une salle pleine à craquer, Jean-Michel Renu a laissé son fauteuil de maire à la conseillère municipale Françoise Brouard, ancienne adjointe au maire aux finances sous l’ère Bussereau de 1995 à 2001.
Cette élection est consécutive à la démission, le 20 octobre dernier, de Jean-Michel Renu, maire depuis 2002. Siégeant au conseil municipal depuis 1983, il avait accepté, lors de la nomination de son ami Dominique Bussereau au sein du gouvernement, de prendre sa place de maire (CB n° 60). Lors des dernières municipales, Dominique Bussereau avait clairement énoncé son intention de reprendre la tête de l’exécutif de la commune et avait alors monté une liste «rock’n’roll», comme la définissait Jean-Michel Renu. «Il s’agissait d’une liste certes hétéroclite, explique Dominique Bussereau, faite de personnalités de divers horizons. Cette liste était pour moi.» C’est peut-être justement là le souci, certains colistiers étant venus parce que Dominique Bussereau les avait sollicités. Lors de son renoncement comme maire pour rejoindre la présidence du Conseil général, ces même personnes, déçues, n’ont pas reconnu la même légitimité à Jean-Michel Renu. Une opposition fratricide est alors née au sein de conseil, alors qu’une opposition plus traditionnelle a émergé avec Jean-Marc Bouffard. Une opposition virulente qui n’a rien lâché, travaillant en profondeur tous les dossiers (CB n° 102). Si Jean-Michel Renu avait accepté avec enthousiasme la mission qui lui avait été confiée en 2002, la perspective d’un nouveau mandat ne l’enchantait guère. La campagne électorale avait d’ailleurs été particulièrement dure. Finalement, il avait accepté ce nouveau mandat mais visiblement le cœur n’y était plus. La mise à jour, au cours de l'été, de certains dysfonctionnements au sein de la commune l’ont conduit à interpeller le procureur de la République et ont certainement contribué à faire déborder une coupe qui était déjà pleine. Il s'agit du détournement de matériaux par un agent des services techniques et de la signature de bons de travaux en dehors du code des marchés publics. Dimanche 8 novembre, après que Françoise Brouard eut clos la séance, Jean-Michel Renu s’est levé, l’a embrassée puis s’est éloigné. Sans un mot mais avec un sourire, l’unique depuis son arrivée… à l’attention de son épouse. Comme un remerciement, comme un soulagement.
Visiblement émue, Françoise Brouard, 59 ans, retraitée de la Mutualité sociale agricole, a pris les rênes de la mairie. Son apparente timidité, lors de sa prise de fonction, a tranché avec son discours emprunt de fermeté durant lequel elle a affiché sa volonté de faire toute la lumière sur les affaires qui ternissent l’image de la commune.
«Notre ville mérite qu'on travaille à son service pour maintenir le cadre de vie que nous aimons. Le sérieux et l'obstination du groupe Emergence sont pour mon équipe source de cohésion et pour moi source de courage. Je compte sur tous les membres du conseil ; les adjoints seront élus dans les tous prochains jours : une équipe structurée et solidaire décidée à servir, à construire. Je vais demander à nos agents des collectivités territoriales de poursuivre leur tâche. J'ai gardé de mon passage aux finances une bonne connaissance de ce dossier. J'ai décidé de m'en occuper et je ferai un état des lieux pour savoir où nous en sommes. Seule, je ne peux rien. Avec vous tous, élus, agents, Saint-Georgeais, vacanciers qui aimez notre belle station balnéaire, je me sens la force de poursuivre le chantier. J'ai personnellement la conviction que la résolution des problèmes ne passe pas par de longs discours mais par le travail. Je crois en cette valeur fondamentale et j'entends dès à présent m'y consacrer. A l'impossible nul n'est tenu mais tout peut s'anticiper à condition d'avoir audace et persévérance.»
Quelques minutes après que Françoise Brouard, nouveau maire de la commune, eut levé la séance, Jean-Michel Renu a accepté de répondre à nos questions.
La Côte de Beauté – Comment vous sentez-vous ?
Jean-Michel Renu – Forcément pas très bien.
Quel a été l’élément déclencheur qui a fait que vous avez décidé de démissionner ?
Jean-Michel Renu – Il y a eu d’abord une liste constituée par Dominique Bussereau avec des personnes qui n’avaient pas voté pour moi. Je suis malgré tout un rassembleur et, j’ai cru, j’ai pensé pouvoir tenir le bateau. Malheureusement, c’était un combat journalier pour calmer les choses. Je ne faisais plus que cela. Et si certains sont à la retraite et n’ont que cela à faire, moi je suis en activité. Je commençais à perdre pied dans mon travail.
Un métier d’agent immobilier qui semble aussi avoir posé problème.
Jean-Michel Renu – En effet, alors que j’ai toujours pensé le contraire, j’exerce un métier qui dans l’esprit de certains est incompatible avec la fonction de maire. De plus, cet été, des dysfonctionnements graves ont été portés à ma connaissance. J'ai tout de suite pris des décisions qui protégeaient la commune. Ces éléments ont été forcément du pain bénit pour l’opposition. Si nous avions été à la fin du mandat, j’aurais résisté, mais il nous reste plus de quatre ans à faire et cela devenait trop lourd à porter, pour moi mais aussi pour ma famille.
Il n’y a pas de déshonneur à démissionner surtout lorsque, comme moi, on a sa conscience pour soi. Cela devenait tout simplement invivable. Si la décision a été difficile à prendre, j’ai été bien soutenu notamment par mon épouse qui, il y a 18 mois, m’avait vivement déconseillé de me représenter au poste de maire.
Vous restez tout de même au conseil ?
Jean-Michel Renu - Oui et, si Françoise Brouard le désire, je suis prêt à devenir adjoint et à l’épauler. De plus, je souhaite poursuivre mon travail au sein de la communauté d’agglomération.
Je me suis engagé tout jeune dans la politique. A 20 ans, je pensais déjà à être élu mais aujourd’hui, à l’âge où tout le monde veut en croquer, moi je préfère prendre du champ. Je reste tout de même présent pour apporter mon aide au nouveau maire. Aujourd’hui, je suis persuadé que Françoise Brouard est la bonne personne à la bonne place.
Juste après l’élection de son «amie Françoise», Serge Bouron, adjoint au maire, a fait une déclaration afin de reprendre «sa liberté de parole» pour être «un conseiller municipal libre».
Et d’expliquer qu’il n’avait pas voté pour Jean-Michel Renu mais que ce dernier, respectant les promesses de Dominique Bussereau, lui avait demandé d’être adjoint à la sécurité de la ville. «Ces derniers mois, j’ai mis en évidence des problèmes et des dysfonctionnements très graves qui entachent l’image de notre municipalité, du personnel communal ainsi que l’image des élus. Jean-Michel Renu, lui-même, m’a fait part des écarts de conduite et des erreurs commises par l’adjoint aux travaux. M. Tastayre a depuis officiellement démissionné, non seulement de son poste d’adjoint, mais également du conseil. Jean-Michel Renu a lui-même démissionné de ses fonctions de maire tout en restant au conseil municipal. Vous, Madame Brouard, mon amie, vous vous êtes portée candidate au poste de maire. Il y a quelques mois, nous étions quatre à souhaiter votre candidature, aujourd’hui le contexte est très différent.» Le conseiller municipal estime, en effet, que les dossiers «brûlants» en cours d’instruction sont des scandales qui portent atteinte à la morale et à l’honneur. «Vous allez avoir dans votre majorité des élus qui, pour certains, se sont permis de dilapider l’argent public et d’autres qui, par leur inertie, ont cautionné ces agissements. Pour moi cela est inacceptable. Vous revendiquez votre légitimité, quelle légitimité ? Vous comptez sur une équipe, quelle équipe ?» Serge Bouron a remis l’ensemble de ses délégations et a décidé de se retirer de la majorité municipale où il estime ne plus avoir sa place.
Il est loin le temps où Dominique Bussereau remettait la médaille de l'ordre du Mérite à Jean-Marc Bouffard, conseiller municipal de l’opposition. Dimanche 8 novembre, les échanges verbaux entre les deux hommes étaient loin d’être cordiaux. Alors que Dominique Bussereau venait de présenter la candidature de Françoise Brouard, le chef de file du groupe Emergence a souhaité faire une déclaration. Demande refusée par Dominique Bussereau. Jean-Marc Bouffard insiste et Dominique Bussereau motive son refus par le fait que le code des communes n’autorise pas de déclaration avant le vote du nouveau maire. «Vous n’êtes pas le président de séance», assène alors l’élu de l’opposition à Dominique Bussereau qui réplique qu’il a une certaine légitimité pour parler dans cette enceinte.
Finalement, après son élection, Françoise Brouard donnera la parole à Jean-Marc Bouffard qui, dans un premier temps, a souhaité la bienvenue à Mme Carton. «Elle remplace Monsieur Tastayre, dont nous comprenons la décision. Ce que nous comprenons moins bien, c’est que d’autres n’aient pas pris la même initiative. A ce sujet, et au travers de plusieurs dossiers mettant en évidence des actes délictueux, les intérêts de la commune étant en jeu, le groupe Emergence a décidé de déposer une plainte contre X.» L’élu a alors demandé aux élus désireux de s’associer à sa démarche de se lever. Sans surprise, seuls les membres du groupe Emergence et Serge Bouron se sont levés. 7 élus sur 29. La plainte contre X , déposée à la mi-novembre, porte, notamment, sur le détournement de matériaux et le faux en écriture. Mais pour l'élu de l'opposition, ces deux affaires ne sont que le haut de l'iceberg. Jean-Marc Bouffard entend également dénoncer d'autres faits qui relèveraient du pénal. S'il incombe dorénavant au juge de qualifier ces faits, l'élu parle lui de prises illégale d'intérêts, de faux et usage de faux ou bien encore de délit de favoritisme. «Le 23 octobre dernier, nous vous avons proposé de procéder à une démission collective. Cette suggestion est aujourd’hui soutenue par près de 700 signatures, soit plus d’un électeur sur cinq .Vous n’avez pas souhaité en tenir compte et vous avez préféré le calcul politique à l’expression démocratique. Tout cela constitue une vision de court terme qui arrange les affaires de certains mais fait fi des réalités locales et c’est bien dommage. Le fait d’avoir ignoré les Saint-Georgeais dans cette affaire va sérieusement compliquer la tâche du nouveau maire que vous avez choisi. Comment en effet remotiver le personnel en le laissant face à ceux dont il a été le témoin d’actes condamnables. […] Au sein d’un conseil municipal, par nature, l’opposition n’a pas de pouvoir. En revanche elle a un devoir : celui de contrôler ce que fait la majorité. Nous nous efforcerons d’être à la hauteur de notre mission en poursuivant le travail accompli depuis 18 mois. Nous espérons néanmoins que le nouveau maire saura rompre avec les pratiques en usage dans ce conseil et qu’il facilitera notre tâche par davantage de transparence et un peu moins de mépris.» Un appel entendu par Françoise Brouard qui l’a assuré ne pas être une femme de mépris «mais de devoir, de conviction et de transparence. Je vous aiderai à mettre les choses au clair, mais laissez-moi le temps de m’installer.»
«Cela va très vite se calmer. Je la connais Françoise, elle est rigoureuse, elle sait gérer les conflits.» Pour Dominique Bussereau, pas de doute, Françoise Brouard, celle qui fut son adjointe aux finances entre 1995 et 2001, est la femme de la situation pour faire revenir le calme au sein de cette mairie. Lors de ce conseil qu'il a présidé de bout en bout, il a fait un retour sur le passé en revisitant les actions et les personnalités des divers maires dont certains étaient plus prompts à favoriser le désordre que l'ordre. Puis de parler du travail accompli par Jean-Michel Renu qui avait accepté de lui succéder alors qu’il partait vers la capitale «Depuis deux ans, les choses se sont compliquées, Jean-Michel Renu a été victime de ragots et de méchancetés. Des attaques qui finissaient pas empiéter sur son travail mais aussi sur sa vie familiale. La politique est un apostolat mais il faut le vivre comme un plaisir.» Le conseiller municipal a également évoqué des faits qui ont nécessité de saisir la justice. «Je souhaite que la ville fasse tout pour que la justice soit rendue. Je suis certain qu’il n’y avait pas d’intention délictuelle de la part de l’adjoint aux travaux, victime d’un système.» Pour lui, la mairie manque de cadres dirigeants au service des élus. Il a alors exhorté la nouvelle maire a bien s’entourer avant de lui souhaiter bonne chance dans sa nouvelle fonction. «Une fonction magnifique, le plus beau des mandats.»
Que se cache-t-il derrière les termes «dysfonctionnements graves» employés par Jean-Michel Renu pour expliquer, en partie, sa démission. Le premier fait concerne le détournement de matériaux dont se serait rendu coupable un agent des services techniques. Il aurait ainsi vendu des matériaux appartenant à la mairie pour son propre compte. Le second dossier est relatif à une mauvaise application des règles des marchés publics. Une facture de travaux de voirie aurait été réglée sans que ceux-ci soient réalisés. En matière de droit administratif, on applique la règle du service fait, c’est-à-dire que les factures sont payées une fois le chantier terminé. Prévenu de ces faits, le maire a diligenté une enquête administrative interne, dont les conclusions ont été transmises au procureur de la République. Ce dernier a alors saisi la section économique et financière de l’antenne de La Rochelle de la DIPJ d’Orléans (direction interrégionale de la police judiciaire). Deux enquêtes préliminaires sont en cours. Le commissariat de Royan n’a pas été saisi de ces deux dossiers car il existe un protocole de répartition des affaires. Lorsque, en effet, des autorités locales sont mises en cause dans des dossiers, les magistrats saisissent alors un service n’ayant pas de rapport direct avec ces autorités. De plus, la section économique et financière est plus apte à gérer ce genre de dossier.
Pas un seul mot. L’ancien maire, Jean-Michel Renu, blême, n’a pas dit un seul mot, dimanche 8 novembre, alors que le conseil municipal était réuni pour élire son successeur, à la suite de sa démission. Dominique Bussereau, conseiller municipal, a assuré le service, présentant la candidature de Françoise Brouard, renvoyant dans les cordes, d’un ton ferme, Jean-Marc Bouffard, conseiller municipal de l’opposition désireux de prendre la parole, et assurant enfin l’ancien maire de son soutien et le félicitant pour le travail accompli.
Devant une salle pleine à craquer, Jean-Michel Renu a laissé son fauteuil de maire à la conseillère municipale Françoise Brouard, ancienne adjointe au maire aux finances sous l’ère Bussereau de 1995 à 2001.
Cette élection est consécutive à la démission, le 20 octobre dernier, de Jean-Michel Renu, maire depuis 2002. Siégeant au conseil municipal depuis 1983, il avait accepté, lors de la nomination de son ami Dominique Bussereau au sein du gouvernement, de prendre sa place de maire (CB n° 60). Lors des dernières municipales, Dominique Bussereau avait clairement énoncé son intention de reprendre la tête de l’exécutif de la commune et avait alors monté une liste «rock’n’roll», comme la définissait Jean-Michel Renu. «Il s’agissait d’une liste certes hétéroclite, explique Dominique Bussereau, faite de personnalités de divers horizons. Cette liste était pour moi.» C’est peut-être justement là le souci, certains colistiers étant venus parce que Dominique Bussereau les avait sollicités. Lors de son renoncement comme maire pour rejoindre la présidence du Conseil général, ces même personnes, déçues, n’ont pas reconnu la même légitimité à Jean-Michel Renu. Une opposition fratricide est alors née au sein de conseil, alors qu’une opposition plus traditionnelle a émergé avec Jean-Marc Bouffard. Une opposition virulente qui n’a rien lâché, travaillant en profondeur tous les dossiers (CB n° 102). Si Jean-Michel Renu avait accepté avec enthousiasme la mission qui lui avait été confiée en 2002, la perspective d’un nouveau mandat ne l’enchantait guère. La campagne électorale avait d’ailleurs été particulièrement dure. Finalement, il avait accepté ce nouveau mandat mais visiblement le cœur n’y était plus. La mise à jour, au cours de l'été, de certains dysfonctionnements au sein de la commune l’ont conduit à interpeller le procureur de la République et ont certainement contribué à faire déborder une coupe qui était déjà pleine. Il s'agit du détournement de matériaux par un agent des services techniques et de la signature de bons de travaux en dehors du code des marchés publics. Dimanche 8 novembre, après que Françoise Brouard eut clos la séance, Jean-Michel Renu s’est levé, l’a embrassée puis s’est éloigné. Sans un mot mais avec un sourire, l’unique depuis son arrivée… à l’attention de son épouse. Comme un remerciement, comme un soulagement.
Françoise Brouard : audace et persévérance
Visiblement émue, Françoise Brouard, 59 ans, retraitée de la Mutualité sociale agricole, a pris les rênes de la mairie. Son apparente timidité, lors de sa prise de fonction, a tranché avec son discours emprunt de fermeté durant lequel elle a affiché sa volonté de faire toute la lumière sur les affaires qui ternissent l’image de la commune.
«Notre ville mérite qu'on travaille à son service pour maintenir le cadre de vie que nous aimons. Le sérieux et l'obstination du groupe Emergence sont pour mon équipe source de cohésion et pour moi source de courage. Je compte sur tous les membres du conseil ; les adjoints seront élus dans les tous prochains jours : une équipe structurée et solidaire décidée à servir, à construire. Je vais demander à nos agents des collectivités territoriales de poursuivre leur tâche. J'ai gardé de mon passage aux finances une bonne connaissance de ce dossier. J'ai décidé de m'en occuper et je ferai un état des lieux pour savoir où nous en sommes. Seule, je ne peux rien. Avec vous tous, élus, agents, Saint-Georgeais, vacanciers qui aimez notre belle station balnéaire, je me sens la force de poursuivre le chantier. J'ai personnellement la conviction que la résolution des problèmes ne passe pas par de longs discours mais par le travail. Je crois en cette valeur fondamentale et j'entends dès à présent m'y consacrer. A l'impossible nul n'est tenu mais tout peut s'anticiper à condition d'avoir audace et persévérance.»
Jean-Michel Renu : pas de déshonneur à démissioner
Quelques minutes après que Françoise Brouard, nouveau maire de la commune, eut levé la séance, Jean-Michel Renu a accepté de répondre à nos questions.
La Côte de Beauté – Comment vous sentez-vous ?
Jean-Michel Renu – Forcément pas très bien.
Quel a été l’élément déclencheur qui a fait que vous avez décidé de démissionner ?
Jean-Michel Renu – Il y a eu d’abord une liste constituée par Dominique Bussereau avec des personnes qui n’avaient pas voté pour moi. Je suis malgré tout un rassembleur et, j’ai cru, j’ai pensé pouvoir tenir le bateau. Malheureusement, c’était un combat journalier pour calmer les choses. Je ne faisais plus que cela. Et si certains sont à la retraite et n’ont que cela à faire, moi je suis en activité. Je commençais à perdre pied dans mon travail.
Un métier d’agent immobilier qui semble aussi avoir posé problème.
Jean-Michel Renu – En effet, alors que j’ai toujours pensé le contraire, j’exerce un métier qui dans l’esprit de certains est incompatible avec la fonction de maire. De plus, cet été, des dysfonctionnements graves ont été portés à ma connaissance. J'ai tout de suite pris des décisions qui protégeaient la commune. Ces éléments ont été forcément du pain bénit pour l’opposition. Si nous avions été à la fin du mandat, j’aurais résisté, mais il nous reste plus de quatre ans à faire et cela devenait trop lourd à porter, pour moi mais aussi pour ma famille.
Il n’y a pas de déshonneur à démissionner surtout lorsque, comme moi, on a sa conscience pour soi. Cela devenait tout simplement invivable. Si la décision a été difficile à prendre, j’ai été bien soutenu notamment par mon épouse qui, il y a 18 mois, m’avait vivement déconseillé de me représenter au poste de maire.
Vous restez tout de même au conseil ?
Jean-Michel Renu - Oui et, si Françoise Brouard le désire, je suis prêt à devenir adjoint et à l’épauler. De plus, je souhaite poursuivre mon travail au sein de la communauté d’agglomération.
Je me suis engagé tout jeune dans la politique. A 20 ans, je pensais déjà à être élu mais aujourd’hui, à l’âge où tout le monde veut en croquer, moi je préfère prendre du champ. Je reste tout de même présent pour apporter mon aide au nouveau maire. Aujourd’hui, je suis persuadé que Françoise Brouard est la bonne personne à la bonne place.
Serge Bouron, la liberté de parole
Juste après l’élection de son «amie Françoise», Serge Bouron, adjoint au maire, a fait une déclaration afin de reprendre «sa liberté de parole» pour être «un conseiller municipal libre».
Et d’expliquer qu’il n’avait pas voté pour Jean-Michel Renu mais que ce dernier, respectant les promesses de Dominique Bussereau, lui avait demandé d’être adjoint à la sécurité de la ville. «Ces derniers mois, j’ai mis en évidence des problèmes et des dysfonctionnements très graves qui entachent l’image de notre municipalité, du personnel communal ainsi que l’image des élus. Jean-Michel Renu, lui-même, m’a fait part des écarts de conduite et des erreurs commises par l’adjoint aux travaux. M. Tastayre a depuis officiellement démissionné, non seulement de son poste d’adjoint, mais également du conseil. Jean-Michel Renu a lui-même démissionné de ses fonctions de maire tout en restant au conseil municipal. Vous, Madame Brouard, mon amie, vous vous êtes portée candidate au poste de maire. Il y a quelques mois, nous étions quatre à souhaiter votre candidature, aujourd’hui le contexte est très différent.» Le conseiller municipal estime, en effet, que les dossiers «brûlants» en cours d’instruction sont des scandales qui portent atteinte à la morale et à l’honneur. «Vous allez avoir dans votre majorité des élus qui, pour certains, se sont permis de dilapider l’argent public et d’autres qui, par leur inertie, ont cautionné ces agissements. Pour moi cela est inacceptable. Vous revendiquez votre légitimité, quelle légitimité ? Vous comptez sur une équipe, quelle équipe ?» Serge Bouron a remis l’ensemble de ses délégations et a décidé de se retirer de la majorité municipale où il estime ne plus avoir sa place.
Jean-Marc Bouffard : «Plus de transparence»
Il est loin le temps où Dominique Bussereau remettait la médaille de l'ordre du Mérite à Jean-Marc Bouffard, conseiller municipal de l’opposition. Dimanche 8 novembre, les échanges verbaux entre les deux hommes étaient loin d’être cordiaux. Alors que Dominique Bussereau venait de présenter la candidature de Françoise Brouard, le chef de file du groupe Emergence a souhaité faire une déclaration. Demande refusée par Dominique Bussereau. Jean-Marc Bouffard insiste et Dominique Bussereau motive son refus par le fait que le code des communes n’autorise pas de déclaration avant le vote du nouveau maire. «Vous n’êtes pas le président de séance», assène alors l’élu de l’opposition à Dominique Bussereau qui réplique qu’il a une certaine légitimité pour parler dans cette enceinte.
Finalement, après son élection, Françoise Brouard donnera la parole à Jean-Marc Bouffard qui, dans un premier temps, a souhaité la bienvenue à Mme Carton. «Elle remplace Monsieur Tastayre, dont nous comprenons la décision. Ce que nous comprenons moins bien, c’est que d’autres n’aient pas pris la même initiative. A ce sujet, et au travers de plusieurs dossiers mettant en évidence des actes délictueux, les intérêts de la commune étant en jeu, le groupe Emergence a décidé de déposer une plainte contre X.» L’élu a alors demandé aux élus désireux de s’associer à sa démarche de se lever. Sans surprise, seuls les membres du groupe Emergence et Serge Bouron se sont levés. 7 élus sur 29. La plainte contre X , déposée à la mi-novembre, porte, notamment, sur le détournement de matériaux et le faux en écriture. Mais pour l'élu de l'opposition, ces deux affaires ne sont que le haut de l'iceberg. Jean-Marc Bouffard entend également dénoncer d'autres faits qui relèveraient du pénal. S'il incombe dorénavant au juge de qualifier ces faits, l'élu parle lui de prises illégale d'intérêts, de faux et usage de faux ou bien encore de délit de favoritisme. «Le 23 octobre dernier, nous vous avons proposé de procéder à une démission collective. Cette suggestion est aujourd’hui soutenue par près de 700 signatures, soit plus d’un électeur sur cinq .Vous n’avez pas souhaité en tenir compte et vous avez préféré le calcul politique à l’expression démocratique. Tout cela constitue une vision de court terme qui arrange les affaires de certains mais fait fi des réalités locales et c’est bien dommage. Le fait d’avoir ignoré les Saint-Georgeais dans cette affaire va sérieusement compliquer la tâche du nouveau maire que vous avez choisi. Comment en effet remotiver le personnel en le laissant face à ceux dont il a été le témoin d’actes condamnables. […] Au sein d’un conseil municipal, par nature, l’opposition n’a pas de pouvoir. En revanche elle a un devoir : celui de contrôler ce que fait la majorité. Nous nous efforcerons d’être à la hauteur de notre mission en poursuivant le travail accompli depuis 18 mois. Nous espérons néanmoins que le nouveau maire saura rompre avec les pratiques en usage dans ce conseil et qu’il facilitera notre tâche par davantage de transparence et un peu moins de mépris.» Un appel entendu par Françoise Brouard qui l’a assuré ne pas être une femme de mépris «mais de devoir, de conviction et de transparence. Je vous aiderai à mettre les choses au clair, mais laissez-moi le temps de m’installer.»
Dominique Bussereau : «Maire, le plus beau des mandats»
«Cela va très vite se calmer. Je la connais Françoise, elle est rigoureuse, elle sait gérer les conflits.» Pour Dominique Bussereau, pas de doute, Françoise Brouard, celle qui fut son adjointe aux finances entre 1995 et 2001, est la femme de la situation pour faire revenir le calme au sein de cette mairie. Lors de ce conseil qu'il a présidé de bout en bout, il a fait un retour sur le passé en revisitant les actions et les personnalités des divers maires dont certains étaient plus prompts à favoriser le désordre que l'ordre. Puis de parler du travail accompli par Jean-Michel Renu qui avait accepté de lui succéder alors qu’il partait vers la capitale «Depuis deux ans, les choses se sont compliquées, Jean-Michel Renu a été victime de ragots et de méchancetés. Des attaques qui finissaient pas empiéter sur son travail mais aussi sur sa vie familiale. La politique est un apostolat mais il faut le vivre comme un plaisir.» Le conseiller municipal a également évoqué des faits qui ont nécessité de saisir la justice. «Je souhaite que la ville fasse tout pour que la justice soit rendue. Je suis certain qu’il n’y avait pas d’intention délictuelle de la part de l’adjoint aux travaux, victime d’un système.» Pour lui, la mairie manque de cadres dirigeants au service des élus. Il a alors exhorté la nouvelle maire a bien s’entourer avant de lui souhaiter bonne chance dans sa nouvelle fonction. «Une fonction magnifique, le plus beau des mandats.»
Deux enquêtes préliminaires
Que se cache-t-il derrière les termes «dysfonctionnements graves» employés par Jean-Michel Renu pour expliquer, en partie, sa démission. Le premier fait concerne le détournement de matériaux dont se serait rendu coupable un agent des services techniques. Il aurait ainsi vendu des matériaux appartenant à la mairie pour son propre compte. Le second dossier est relatif à une mauvaise application des règles des marchés publics. Une facture de travaux de voirie aurait été réglée sans que ceux-ci soient réalisés. En matière de droit administratif, on applique la règle du service fait, c’est-à-dire que les factures sont payées une fois le chantier terminé. Prévenu de ces faits, le maire a diligenté une enquête administrative interne, dont les conclusions ont été transmises au procureur de la République. Ce dernier a alors saisi la section économique et financière de l’antenne de La Rochelle de la DIPJ d’Orléans (direction interrégionale de la police judiciaire). Deux enquêtes préliminaires sont en cours. Le commissariat de Royan n’a pas été saisi de ces deux dossiers car il existe un protocole de répartition des affaires. Lorsque, en effet, des autorités locales sont mises en cause dans des dossiers, les magistrats saisissent alors un service n’ayant pas de rapport direct avec ces autorités. De plus, la section économique et financière est plus apte à gérer ce genre de dossier.
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Commentaires
Courrier des lecteurs
M. Pierre Farcy (Périgueux), propriétaire à Meschers-sur-Gironde, nous a envoyé un courrier adressé à la mairie.