Culture - N°143 - Août/Septembre 2016

Exposition Jean Gabin dans la guerre 1939-1945

Quel rapport entre Jean Gabin et Royan ? Ne cherchez pas d’hypothétiques origines charentaises ni de tournages dans la station balnéaire de la Côte de Beauté, encore moins d’aventure contrariée avec une jeune Royannaise. C’est la guerre qui, un matin d’avril 1945, conduit l’acteur sur les rives de l’Atlantique. Le second-maître Moncorgé, membre du 2e escadron du régiment blindé de fusiliers marins affecté à la 2e division blindée du général Leclerc, débarque en France en septembre 1944. Nommé chef du char Souffleur II, il rejoint le front de l’Ouest pour libérer la Poche de Royan, dernier bastion ennemi sur le territoire français.

Et pourtant, en 1939, Gabin tourne Remorques, à Brest, avec Michèle Morgan. Alors que l’Occupation s’installe, il refuse l’offre de la Continental, sous influence allemande, et part à Hollywood.

Il y rencontre Marlène Dietrich, tourne en anglais et se morfond à l’idée que les nazis paradent sur les Champs-Elysées alors qu’il fait l’acteur en Californie. Le tournage de L’Imposteur, en 1942, dans lequel il joue le rôle d’un combattant, provoque un déclic. Il s’engage auprès des Forces françaises libres. Jean Gabin s’efface devant Jean Moncorgé, même si ses camarades de char n’oublient pas Pépé le Moko, Gueule d’amour ou Quai des Brumes. Son destin l’entraîne alors vers Royan, dernière étape avant Berchtesgaden. L’acteur restera très discret toute sa vie sur ces 27 mois pendant lesquels il a quitté les plateaux pour endosser l’uniforme de second-maître. Et parce que cet uniforme ne peut être, en aucun cas, un costume de théâtre ou de cinéma, il n’interprétera plus jamais sur l’écran un militaire ou un résistant. Tout juste ressortira-t-il du placard sa vieille casquette de fusilier marin pour un rôle de vieux loup de mer dans Le Drapeau noir flotte sur la marmite (Michel Audiard, 1971). Il refusera surtout d’incarner le résistant Diego dans Les Portes de la nuit (Marcel Carné, 1946), alors qu’il avait, lui plus que beaucoup d’autres, la légitimité de le faire. Et quand il participera aux premières éditions de La Kermesse aux étoiles, la légendaire fête foraine créée après-guerre pour célébrer la Libération de Paris et la 2e DB de Leclerc, à aucun moment il n’évoquera le rôle qu’il a joué en tant que Moncorgé, se contentant de signer des dédicaces anodines au nom de Gabin. Il respectera à la lettre cette maxime devenue sienne : «La guerre, c’est pas du cinéma !»

L’exposition proposée par la société Micro-Média et les Editions Bonne Anse, en collaboration avec l’office de tourisme de Royan, propose de découvrir le parcours de Jean Gabin lors de la guerre 39-45. Présentée au palais des congrès de Royan jusqu’au 15 septembre, elle reprend, sous forme d’une trentaine de panneaux, les éléments du livre Jean Moncorgé Gabin, Acteur de la Libération de Royan, de Patrick Glâtre, paru en 2015 aux Editions Bonne Anse.

Exposition Jean Gabin dans la guerre 1939-1945, palais des congrès de Royan. Jusqu’au 15 septembre, du lundi au samedi de 9h à 12h30 et de 14h à 18h.

 
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