Culture - N°140 - Février/Mars 2016

Livres

Souvenirs de Saint-Palais

Quel travail phénoménal, quelle accumulation de documents et de témoignages ! Le travail effectué par François Richet est impressionnant, tant par sa quantité que sa qualité. Son ouvrage sur Saint-Palais regroupe 793 photos et 53 témoins principaux. L’iconographie, parfois très ancienne, a été restaurée avec soin grâce aux moyens modernes. Le résultat, comme le dit dans la préface Claude Baudin, le maire actuel, n’est pas juste une accumulation de documents ou de témoignages mais un ressenti sur des lieux ou des événements passés. L’auteur le précise d’ailleurs en avant-propos : «Ce n’est pas un livre d’historien mais, avec l’aide de celles et ceux qui les ont connus», l’ouvrage cherche à «recréer l’ambiance et le parfum d’époques enfuies à jamais».

La première partie nous balade dans les quartiers de la commune. Nauzan et sa star, Danielle Darrieux, en photo à 22 ans en 1939, le Bureau, qui faillit donner son nom à la commune, la place de l’Océan aux abords de laquelle des filets de pêcheurs séchaient en 1908, puis le Platin, Terre Nègre, Courlay, Bernezac et bien d’autres. A chaque fois, l’auteur présente de nombreux documents (photos et cartes postales), des témoignages et des anecdotes, comme ce naufrage de la goélette Aline, de Paimpol, qui s’écrasa sur les rochers en 1907 sans faire de victimes, ou encore le séjour à la villa Les Embruns, en 1933, de Trotsky alors en exil.

La deuxième partie du livre est consacrée à des témoignages recueillis auprès de Saint-Palaisiens au cours de l’été 2013, «le trésor irremplaçable des mémoires humaines» comme le dit l’auteur. Ils évoquent, souvent avec nostalgie, l’ambiance des années passées où tout le monde se connaissait et s’entraidait. Cet autre témoin se souvient que la ville était fréquentée «par de grandes familles de Limoges, Cognac ou Angoulême, souvent propriétaires de grandes villas où ils organisaient de magnifiques réceptions», «des gens ayant un certain niveau de vie, une élégance, un maintien». Puis la clientèle s’est transformée avec l’arrivée des campings. Un autre encore se souvient que, dans les années 1960, la plage était divisée par une frontière invisible : sur la moitié droite, le «tout-venant», ceux qui votaient à gauche, sur la partie gauche, les familles bourgeoises, avec de nombreux enfants, qui votaient à droite, et au centre les campeurs, les «Camifiens» : beaucoup de gens de l’Education nationale équipés du même matériel acheté à la Camif.

La troisième partie couvre les événements, le premier étant la Seconde Guerre mondiale. Là encore, l’angle choisi est celui des témoignages et des documents inédits, pas celui du livre d’histoire. «Des Saint-Palaisiens racontent leurs souvenirs de cette époque, leur vision de ces événements et les rapports que l’on pouvait entretenir avec l’ennemi, ces occupants qui, pour beaucoup, n’avaient pas demandé à faire la guerre et que l’on côtoyait au quotidien, pour certains», précise François Richet. Le grand incendie de 1976, année de sécheresse, est également resté dans la mémoire des habitants. Son auteur, un jeune homme de 19 ans, sera arrêté et condamné à 9 ans de prison. Mille hectares de forêt partiront en fumée en trois jours et une victime décédera d’une crise cardiaque. 

Bien d’autres sujets sont abordés dans ce livre qui passionnera tous ceux qui veulent se plonger dans l’histoire récente de l’émergence de la station balnéaire.

Souvenirs de Saint-Palais-sur-Mer, de François Richet, éd. du Trier-Têtu, 476 pages, 39,90 €

 

Souvenirs de Royan

L’ouvrage de François Richet, Souvenirs de Royan, volume 3, avait impressionné à sa sortie en 2010, et pourtant, en voici une nouvelle édition, refondue et encore augmentée. 580 pages et 1 265 photographies, soit 50 pages en plus et 200 photos inédites présentées dans un ouvrage déjà très dense à l’origine. Alors que le volume 2 s’attarde sur le Royan pendant la Seconde Guerre mondiale (le volume 1 traite de la Belle Epoque et des Années folles), ce volume 3 bis débute en 1945 avec les impressionnantes photos de la ville en ruine après le bombardement des Alliés pour libérer la poche de Royan. Puis viennent les années 1950 de la reconstruction, l’insouciance des années 1960, les nombreux lieux de sorties des années 1970 puis, à partir des années 1980, la fin de l’euphorie et la dégradation de la ville. Les bâtiments, qui n’ont pas été entretenus, s’abîment et le style architectural est considéré comme ringard. On détruit (grand casino, Portique…) et on défigure (la poste, le Palais des congrès, les Nouvelles galeries…). Les défenseurs de ce patrimoine, dont fait partie l’auteur, considérés comme «des crétins obsolètes», ne sont pas écoutés. A la fin des années 1990, on reconnaît la valeur de l’héritage architectural (une zone de protection du patrimoine est créée en 1992), mais on ne sait pas quoi en faire car on ne l’aime pas plus que cela.

Chaque sujet abordé dans ce livre fourmille d’anecdotes, de témoignages et est illustré de nombreuses photographies de grande qualité. Il est difficile d’en relever la tête après s’être plongé dedans.

Souvenirs de Royan, volume 3 bis, de François Richet, éd. du Trier-Têtu, 580 pages, 39,90 €

 

Sauvons l’océan

L’éditeur Glénat présente le petit livre de Paul Watson, activiste écologiste, cofondateur de Greenpeace en 1972 et fondateur de Sea Sheperd, association de défense du milieu aquatique. Alors que l’ONU organisait à Paris en décembre 2015 la conférence sur les changements climatiques, Urgence ! Si l’océan meurt nous mourrons est un appel au monde à se mobiliser pendant qu’il est encore temps. Plutôt que se résigner et constater la dégradation constante de la Terre, l’auteur propose des solutions, souvent de bon sens, parfois plus extrêmes : produire local, manger local, arrêter de fabriquer des tonnes de produits en plastique qui dérivent dans l’océan et tuent la vie marine, arrêter la pêche industrielle, mettre en place une économie verte… Sans quoi, d’après l’auteur, «nos sociétés ne survivront pas jusqu’en 2100».

Urgence ! Si l’océan meurt nous mourrons, de Paul Watson, éd. Glénat, 48 pages, 4,99 €

 

Explorations

L’anniversaire des 80 ans de la disparition de l’explorateur Jean-Baptiste Charcot est marqué par la sortie de ce très beau livre, signé Serge Kahn, accompagné de la reproduction de 35 documents rares et inédits. En effet, l’auteur, passionné pour les activités françaises dans les régions polaires, a eu accès aux archives familiales.

En plus du récit de la vie et des expéditions polaires de Charcot, on peut consulter ces archives reproduites à l’identique avec un souci du détail et de la qualité certain : une carte postale que Charcot envoie à sa fille Martine de Reykjavik en 1928, un menu illustré à bord du Pourquoi-Pas ?, des dessins de cartes faits par Charcot, des lettres, des invitations… Tout ce qu’il faut pour une immersion totale à bord du Pourquoi-Pas ? lors des expéditions de cet explorateur aventurier.

Jean-Baptiste Charcot, explorateur des pôles, de Serge Kahn, éd. Glénat, 178 pages, 35 fac-similés, 45 €

 

La Maison blanche

Patrick Labuttie se lance à raconter l’histoire de sa vie dans un livre. L’exercice peut paraître prétentieux, comme l’avoue l’auteur, mais il faut reconnaître qu’il a beaucoup de choses à raconter dans cette vie intense orientée vers la musique, l’art et la fête. Une vie de Patachon comme il le reconnaît lui-même. Sa famille, d’origine bordelaise, s’installe à Royan en 1981 pour ouvrir le restaurant La Paëlla sur le front de mer.

En 1995, la mairie de Vaux-sur-Mer lance un appel d’offres pour la reprise d’une boîte de nuit en mauvais état mais au passé mythique. L’Altitude zéro, bar créé après la Seconde Guerre mondiale qui deviendra le Love Love dans les années 1970, est un lieu très à la mode sur la plage de Nauzan. Il fini, dans les années 90, en boîte de nuit, «une hérésie totale vu que le lieu est posé sur le sable et exposé idéalement pour les couchers de soleil». Le maire de l’époque, M. Chavastelon, veut rendre à l’endroit son aura d’antan. Patrick Labuttie remporte le marché et s’attelle à restaurer des bâtiments alors en ruines et créer La Maison blanche. Grâce à ses rencontres au fil de la vie, il va créer une équipe soudée d’abord dans la réhabilitation du lieu et ensuite dans son fonctionnement. Le livre est d’ailleurs essentiellement tourné vers ces rencontres qui font la vie et qui font que ce livre se lit comme un roman, le roman d’une vie loin d’être terminée.

Il n’y a d’honnête que le bonheur, de Patrick et Riva Labuttie, éd. Bonne Anse, 242 pages, 20 €

 

Gabin militaire

Dans le n° 134 de La Côte de Beauté, nous annoncions dans les pages Royan le choix de la municipalité de baptiser la salle municipale de spectacle du nom de Jean Gabin. Celui-ci est associé à l’histoire de la ville et plus particulièrement à sa libération des armées allemandes. C’est en effet une partie de sa vie bien moins connue que celle d’acteur de celui qui se nomme Jean Moncorgé, son véritable nom, dans la Marine. Car plutôt que faire carrière à la Continentale allemande pendant l’Occupation, l’acteur part aux Etats-Unis. C’est là, en tournant L’Imposteur, en 1942, qu’il se rend compte que sa place est aux côtés des Forces françaises libres. Il rejoint le 2e escadron du régiment blindé de fusiliers marins, affecté à la 2e division blindée du général Leclerc, celle qui libèrera la poche de Royan puis filera vers Berchtesgaden, rejoindre le Nid d’aigle d’Hitler.

C’est cette partie de la vie de Jean Gabin que nous raconte Patrick Glâtre, spécialiste de l’acteur, avec une préface du fils de Jean Gabin, Mathias Moncorgé. L’ouvrage est largement illustré de photos et documents inédits, provenant du musée Jean-Gabin et autres fonds liés à cette période.

Jean Moncorgé Gabin, acteur de la Libération de Royan, de Patrick Glâtre, éd. Bonne Anse, 84 pages, 20 €

 

Guides à Royan

La ville de Royan vient d’éditer deux nouveaux petits guides touristiques ciblés. 

Le premier, ludique, accompagne le visiteur à la découverte des villas du quartier du Parc. Un petit questionnaire est proposé : il faut retrouver à quelle villa appartiennent des détails architecturaux comme des bow-windows, clochetons, perrons, sculptures… Un parcours avec 20 villas à découvrir est joint au guide. 

Le second, didactique, présente en détail l’église Saint-Pierre. On apprend que l’édifice date du xiie siècle ou début du xiiie siècle. Détail surprenant, au xviiie siècle, une nouvelle ouverture a été percée à l’est, ce qui a inversé l’aménagement intérieur de l’église. Endommagée par les bombardements de 1945, l’édifice a été restauré selon son orientation initiale.

Raconte-moi le Parc et Laissez-vous conter Royan, documents conçus sous la direction de Charlotte de Charrette, animatrice de l’architecture et du patrimoine au service Patrimoine de la ville de Royan.

 
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