Culture - N°150 - Octobre/Novembre 2017

Livres

Beau livre

La Charente-Maritime n’attire pas les nombreux touristes pour rien : c’est grâce à un ensemble d’éléments, comme ses plages, ses îles, la variété de son paysage, son histoire, son patrimoine bâti et culturel… Ce très beau livre le prouve, par les photos de Xavier Leoty publiées en grand format, et les textes du journaliste Philippe Brégowy. 

Dès la couverture, c’est une invitation au voyage, avec l’emblématique fort Boyard au large d’Oléron, les voiliers que l’on aperçoit au large, ces eaux turquoise et cette grande plage sur laquelle un grand-père et un enfant pratiquent la pêche à pied. Les pages intérieures sont à l’avenant. On se promène d’île en île, de ville en ville, à travers les nombreux marchés d’été, dans les festivals, entre les cabanes ostréicoles… Un ouvrage indispensable pour pallier le mal du pays en cas d’éloignement prolongé des richesses du département.

On soulignera le soin que l’éditeur a porté à la qualité esthétique des photos et à celle de la photogravure.

La Charente-Maritime, Philippe Brégowy et Xavier Léoty, éd. La Geste, 240 pages, 29,90 €

 

 

Originaires de La Rochelle

Voici un livre qui aborde de façon originale l’histoire locale en s’intéressant aux personnages nés en pays rochelais, qui l’ont quitté et ont fait leur vie ailleurs. L’auteur s’attache à présenter des hommes et des femmes qui ont marqué l’histoire de leur empreinte en tournant le dos à leur terre natale. Et il le fait avec talent, presque de manière romancée, mais à partir de faits réels. Chaque chapitre est consacré à un personnage (il y en a dix) comme Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (1685-1755), auteure de La belle et la bête, Jean-Théophile Desagulier (1683-1744), l’un des fondateurs de la franc-maçonnerie dite moderne, ou encore Catherine Paulo (1645-1721), ancêtre d’Hillary Clinton. On a vite fait de s’attacher à certains, comme Sophie Blanchard (1778-1819) qui quitte sa campagne rochelaise pour vivre à Paris avec un précurseur des vols en ballon et devint la première femme aéronaute professionnelle. Elle put vivre de son travail jusqu’à l’accident mortel provoqué par la chute de son ballon au-dessus des toits de Paris.

Les oubliés de La Rochelle, Thomas Brosset, éd. Le Croît vif, 182 pages, 17 €

 

 

Passages d’estuaires

La Charente, la Seudre et la Gironde forment trois estuaires qui marquent le paysage de l’ancien golfe de Saintonge, autour de Brouage. L’eau était source de vie et d’activités (pêche, sel) mais aussi un moyen de transporter les marchandises. Ce pouvait être également un obstacle à franchir. «Les barques ou yoles utilisées pour les transports suffisent d’abord à franchir chenaux et estuaires», explique l’auteur. Plus tard, à cause de la force des courants liés aux marées et de l’accroissement du trafic, des bacs à chaîne seront mis en service puis le pont transbordeur de Rochefort sera construit. Les auteurs reviennent ainsi sur l’histoire de ces passages d’estuaires ou de coureau, comme entre Oléron et le continent, dont les propos sont appuyés par de nombreuses illustrations.

Passages d’eau entre Charente et Gironde, Jacques Daury et Henri Moreau, éd. Le Croît vif, 112 pages, 22 €

 

 

Petits bateaux

Puisqu’il n’existe que peu d’ouvrages sur la Mini-Transat et puisqu’elle fête cette année ses 40 ans, Patrick Benoiton comble ce manque en y consacrant un épais et passionnant livre. Il a toute légitimité pour le faire : journaliste dans des magazines de voile, il a rencontré de nombreux navigateurs l’ayant faite et y a lui-même participé en 1997. Ce n’est pas la plus médiatisée des courses en solitaire sans assistance et pourtant c’est celle qui engage les plus petits bateaux : 6,50 m. L’exploit de la traversée de l’Atlantique est d’autant plus exceptionnel. Organisé chaque année impaire depuis 1977, le parcours a changé au fil des ans. Il relie la France aux Antilles depuis 2013. L’auteur revient donc sur l’histoire de la Mini-Transat, à la rencontre de ceux qui l’ont créée, vécue, organisée…

40 ans de Mini-Transat, Patrick Benoiton, éd. Glénat, coll. Hommes & océans, 336 pages + 16 pages de photos, 19,99 €

En 2017 : départ (81 bateaux) le 1er octobre de La Rochelle, direction Las Palmas (Canaries), puis Le Marin (Martinique). Arrivée estimée : mi-novembre. www.minitransat.fr

 

 

Dictionnaire du large

Le Vendée Globe, c’est un peu l’Everest des marins. Cette course en solitaire et sans escale autour du monde a été bouclée en 103 jours par l’auteur de ce livre, Fabrice Amedeo, en 2016. Plus qu’un descriptif de son quotidien, c’est aussi à une réflexion sur ses découvertes sur lui-même qu’il décrit dans des chapitres courts, de une à quatre pages, consacrés à des thèmes classés par ordre alphabétique. Une sorte de dictionnaire amoureux de la mer. On peut ouvrir le livre et piocher au hasard une entrée : «albatros», «départ», «étoiles», «Nouvel An», «peur» ou encore «sorcier». Ce «sorcier», par exemple, c’est Jean-Yves Bernot, spécialiste des trajectoires parfaites en fonction des prévisions météorologiques auprès duquel Fabrice Amedeo se forme. Chaque chapitre est ainsi l’occasion de comprendre la course de l’intérieur mais aussi sa préparation et ses émotions.

Seul face au large, Fabrice Amedeo, éd. Glénat, coll. Hommes & océans, 216 pages + 16 pages de photos, 19,99 €

 

 

Architecte de la reconstruction

De nombreux livres sont parus sur la richesse architecturale de la reconstruction de Royan. Celui-ci est consacré à l’œuvre de l’industriel et architecte Jean Prouvé (1901-1984). Vincent Bertaud du Chazaud, lui-même architecte, revient sur ses réalisations qui ont été trop souvent dénaturées, détruites, déplacées ou cachées.

Ainsi, l’auteur revient par exemple sur le sort de la maison Prouvé à Royan. L’architecte nancéen avait conçu ce pavillon à l’aide de panneaux de métal qui pouvaient être assemblés simplement de manière à pallier le manque de logements après la Seconde Guerre mondiale et afin de pouvoir loger les plus démunis. Plutôt que de se lancer dans une coûteuse restauration, Didier Quentin, l’ancien député-maire de la ville, dernier propriétaire du bâtiment, a préféré le vendre. Les panneaux ont été démontés au début de l’année 2017. Ils seront rénovés et le pavillon reconstruit, mais pas à Royan. 

L’œuvre de Jean Prouvé se retrouve aussi au palais des congrès (panneaux sur la façade arrondie, aujourd’hui derrière des vitres mais un projet prévoit de rendre l’aspect original en 2020 – voir page 15) mais beaucoup d’éléments ont été démontés (portes du palais des congrès – voir CB n° 115 –, panneaux du bar-casino de la Grande Côte…) voire sauvés in extremis de la destruction par des amateurs ou collectionneurs éclairés.

Ce beau livre prouve que, encore aujourd’hui, la préservation du patrimoine est un combat de tous les jours et qu’il passe aussi par la reconnaissance des architectes et de leurs travaux. Cet ouvrage, très documenté, y contribue.

Jean Prouvé – Royan et sa région, Vincent Bertaud du Chazaud, éd. La Geste, 248 pages, 30 €

 

 

 

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