La Côte de Beauté - N°186 - Octobre/Novembre 2023

Palais des congrès – « L’un des plus grands emblèmes de l’architecture des années 50 »

Pierre Ferret est architecte. C’est lui qui a piloté le programme de requalification du palais des congrès de Royan. Un projet très particulier puisque c’est son père, Claude Ferret, qui est l’architecte originel de l’édifice bâti en 1957, l’un des emblèmes de la Reconstruction royannaise. Entretien.

La Côte de Beauté – Après quelques péripéties et retards, le palais des congrès réhabilité a enfin été livré au début de l’été. Cette requalification est-elle à la hauteur de vos attentes ? 

Pierre Ferret – Je suis un peu juge et partie dans cette affaire, c’est donc difficile pour moi d’en parler avec objectivité. Mais je suis vraiment content du résultat final et je n’ai entendu aucun écho négatif. Je tiens à louer, au passage, la compréhension dont a fait preuve la maîtrise d’ouvrage. Elle a accepté beaucoup de contraintes, notamment budgétaires pour arriver à mon objectif de redonner au palais son lustre d’antan. 

Pourquoi cette volonté de rendre son visage originel à l’édifice ?

Evidemment, le fait qu’il s’agisse d’une création de mon père n’est pas anodin. Mais même si le bâtiment n’avait pas été de lui, je me serais battu de la même manière. Pour moi, le palais des congrès est l’un des plus grands emblèmes de l’architecture des années 1950 au niveau européen, voire même au niveau mondial. 

À ce point ? 

Oui, complètement. Car il est un symbole très puissant de ce foisonnement artistique, de cet élan de vie qui est né après le chaos. 

Que disait votre père du bâtiment ? 

Lorsqu’il a été nommé urbaniste en chef par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour la reconstruction de Royan, il a immédiatement pris conscience qu’il vivait un moment magique, que cette opportunité d’œuvrer à la renaissance d’une ville était l’expérience d’une vie. Le palais des congrès en est l’un des symboles les plus forts. Tout ce projet lui a apporté une grande joie mais aussi un profond désespoir.

Pourquoi du désespoir ?

En 1985, j’ai vu mon père pleurer pour la première fois. Nous étions ensemble en voiture. Nous sommes passés devant le casino de Royan qui était sur le point d’être détruit. Cela l’a dévasté, tout comme le nouveau visage du palais des congrès quelque temps après. 

Redonner son aspect originel au palais des congrès, c’était rendre justice au travail de votre père ?

Un petit peu mais c’est surtout une revanche pour l’architecture. La destruction du casino en décembre 1985 a été un crève-cœur pour mon père et pour moi-même. Royan est une ville d’audace et d’exception architecturale, elle doit le rester. 

Retrouver les couleurs d’origine du bâtiment a-t-il été difficile ?

Un infernal casse-tête vous voulez dire. Les couleurs des photos et cartes postales d’époque avaient viré avec le temps. Il a fallu gratter les peintures sur plusieurs épaisseurs pour envoyer des échantillons à une architecte spécialiste de la colorimétrie pour retrouver les couleurs originelles. 

Que souhaitez-vous pour l’avenir du site ?

Je veux surtout que l’histoire ne se répète pas. Je souhaite qu’il soit géré et exploité pour ce qu’il est : un palais des congrès, pas qu’il soit maltraité et transformé. Je pense que l’office de tourisme communautaire qui en a pris la gestion a compris. Ensuite, j’aimerais que cette réhabilitation serve de moteur pour en lancer de nouvelles. Pour moi, il faudrait redonner leur lustre d’antan à tous les bâtiments de la Reconstruction royannaise.

Photo : Pierre Ferret souhaite que le bâtiment ne soit ni « transformé » ni « maltraité ».


Les premiers grands rendez-vous 

Après cette première saison estivale synonyme de test pour l’office de tourisme communautaire (OTC), qui gère désormais le site, l’heure est maintenant aux grands rendez-vous. « On a ouvert le site, même s’il reste encore quelques travaux à finaliser, pour que les habitants du pays royannais puissent se l’approprier, qu’ils renouent avec ce si bel endroit. À partir de septembre, on enclenchera vraiment notre programmation », explique Elie de Foucauld, le directeur de l’OTC. 

L’objectif affiché par le gestionnaire du site est d’en faire un lieu multifonctionnel et polyvalent. On retrouve donc au programme des expositions et conférences sur l’architecture (notamment une passionnante rétrospective sur les travaux du Palais), des ateliers sur la photographie, le premier Salon de l’habitat… Pas l’ombre d’un concert pour le moment, alors qu’Elie de Foucauld annonçait il y a peu la tenue de « soirées musicales orientées jazz ». 

En revanche, l’architecte Pierre Ferret planche, avec son confrère et conseiller municipal royannais Gilbert Loux, sur l’organisation d’un grand salon de l’architecture. Et quoi de mieux comme lieu pour l’accueillir que le Palais des congrès, symbole de l’audace architecturale ?

 

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